Citation de la semaine

« Les langues ont toujours du venin à répandre. », Molière, Tartuffe

mardi 20 novembre 2012

Classes de 5ème 4 et 5ème 5 - Séquence 1

Classe de 5ème Plan de la Séquence 1 :  

Qu’est-ce que la poésie descriptive ?

 


Séance 1 La description poétique de la nature (lecture-vocabulaire)

Textes-support : « Fantaisie » de Nerval et des poèmes chinois de Li Po et Wang Wei

-         Le poète est en retrait et présente une vision
-         Les 5 sens et leurs lexiques

Séance 2 Comment écrire une description ? (grammaire-écriture)

           
-         En lui donnant un thème par le champ lexical
-         En l’enrichissant par l’expansion du nom
-         Rédaction d’un poème par imitation

Séance 3 La description poétique animalière et l’étude de la versification (lecture)

Texte-support : Rilke et Leconte de Lisle

-         Les particularités poétiques : vers et strophes
-         Leurs fonctions : musicalité et mémorisation
-         Courtes explications des poèmes

Séance 4 Quelles sont les techniques poétiques les plus connues ? (lecture-écriture)                           Textes-support de Verlaine et Jacques Roubauc (Le Lombric

-         Le sonnet, la forme la plus utilisée d’Occident
-         Métaphore et personnification, les figures les plus utilisées au monde
-         Rédaction d’une description versifiée, composée de figures sous forme de sonnet

Séance 5 Comment rendre une description dynamique ou statique ? (grammaire)

-         Voix active vs voix passive
-         Les compléments du verbe : COD et COI.

***


Séquence 1


Séance 1

Li Po (701-762) est un des plus grands poètes chinois. Il passa la plus grande partie de sa vie à voyager à travers la Chine. Il fut sensible aux aspects fantastiques de la nature sauvage. Sa vie plus ou moins légendaire inspira pièces et récits.
Wang Wei est un poète chinois bouddhiste. Il a vécu au VIII ème siècle. Beaucoup de ses poèmes sont des méditations sur le paysage.

Dans les 3 poèmes, les saisons et les paysages sont très importants et la nature forme donc le thème principal des poèmes.
Les trois poèmes ne racontent pas d'histoire complète et présentent seulement la "vision" d'un paysage. Ils font voir quelque chose: ce sont des textes descriptifs.
Le poète est en retrait dans les textes, on a une impression de solitude, de tristesse et d'effacement. Il n'est pas lui le sujet principal du poème, mais sa sensibilité s’exprime à travers les paysages (description subjective).



Séance 2

 Le champ lexical

Il y a toujours une cible dans la description, un centre qui attire l’attention. C’est le thème de la description.Tous les mots dont le sens s’y rapportent font partie de son champ lexical.
Ex: “nuit” pourrait être développée par le champ lexical suivant: lune, obscurité, sommeil, calme, étoile...

Les expansions du nom (étape 5 du parcours descriptif)

On a déjà vu que l’adjectif épithète complétait le nom, plus généralement toutes les expansions du nom sont un outil grammaticale pour préciser le nom (et donc améliorer la description). 4 types d'expansion du nom sont fréquemment employés :
- l'adjectif épithète, variable en genre et en nombre avec le nom auquel il se rapporte. Ex: la forêt profonde                                                        
- le complément du nom (introduit par une préposition) ex: un rayon de lune    
- la subordonnée relative (avec un verbe conjugué et un pronom relatif qui/que/quoi/dont/où/lequel…) ex: un chat qui parle
- l’apposition  (GN avec ou sans déterminant, mis à côté d’un autre GN). Ex: Napoléon, Empereur des Français



Séance 3

Règles de poésie
Le vers est une ligne commençant par une majuscule dans un poème (il correspond souvent à une proposition ou une phrase). Plusieurs vers forment une strophe, les strophes sont signalées par le saut d'une ligne.

Dans la poésie française, les auteurs s'efforcent d'adopter une régularité dans le rythme. Pour cette raison, la rime (le retour de mêmes sons à la fin d'un vers) est employée dans presque tous les poèmes. Le rythme est aussi marqué par la répétition de vers contenant le même nombre de syllabe. Ex: (12 ici, "Le sable rouge est comme une mer sans limite", s’appelle l’alexandrin et c’est le plus connu en France).

Pour compter les syllabes, on procède comme normalement sauf qu'on compte les "e" finaux quand ils sont suivis d'une consonne. Ex: un arbre, berce… mais pas simple et tranquille. C'est la règle du "e" muet. Le but de cette régularité est la musicalité et la mémorisation du poème.


Explication des poèmes

Rilke est un poète autrichien né en 1875 et mort en 1926. Il a écrit de nombreux poèmes en allemand (dont la panthère) et vers la fin de sa vie quelques textes en français. C’est un observateur attentif et souvent triste de la nature et du monde moderne. Dans “la panthère”, Rilke observe la peine d’une panthère enfermée au jardin des plantes. Il la décrit indifférente au monde et dans un sommeil qui ressemble à une mort anticipée. On le sent plein de compassion et de sympathie pour cet animal auquel il reconnaît de puissantes qualités.

Leconte de Lisle est né à la Réunion. C’est un poète du XIXème très respecté, qui refusait de s’impliquer dans le monde moderne et qui considérait que la nature et les sujets historiques (l’antiquité) ou exotiques (les civilisations nordiques, indiennes, arabes) constituaient suffisamment de sujets poétiques. Dans « les éléphants », Leconte de Lisle décrit un paysage de savane en détaillant la luminosité et la composition de la faune. C’est seulement après ce tableau qu’il s’occupe des éléphants en voyage vers leur pays d’origine. Le poème exprime une confiance et une sérénité de la nature au repos qui s’oppose au repos désespéré de la panthère en cage.


Séance 4

Le sonnet
Le sonnet est la forme de poème la plus célèbre de la poésie française. Elle vient d'Italie. Elle obéit à des règles précises, qui sont considérées à la fois comme difficiles à appliquer et très harmonieuses:

Les vers sont de 12 syllabes, ce sont des alexandrins
Il y a 4 strophes, d’abord 2 quatrains (4 vers) puis 2 tercets (3 vers)
Les rimes sont embrassées dans les quatrains (ABBA), puis plates (CC elles se suivent) puis croisées (elles sont en alternance DEDE)
NB: un vers de 10 syllabes est un décasyllabe, un vers de 8 s’appelle un octosyllabe. Une strophe de 2 vers s’appelle un distique.

Figures de style

Toute langue connaît des techniques destinées à créer un effet particulier en s’écartant du langage quotidien. L'ensemble de ces techniques a été étudié pendant des siècles depuis les Grecs, cet art de bien parler s'appelle la rhétorique et a toujours été tenu en haute estime. Aujourd'hui nous avons découvert l'une des techniques les plus fréquentes: la personnification. Son effet consiste à rendre humain un objet, un animal…On signale parfois les personnifications avec une majuscule. Ex: "notre mère, la Nature" rend vivant la nature.

On peut noter aussi deux figures de styles très fréquentes en poésie et présentes dans notre sonnet. Leur effet est d’imiter une musique par la répétition des mêmes sons, ce sont des rimes à l’intérieur des vers, elles facilitent la mémorisation. La répétition de consonnes s’appelle allitération. Ex : [p] du début. La répétition de voyelles s’appelle assonance. Ex : « an » au début.




Séance 5

Description dynamique, description statique, étape 6 du parcours descriptif

- Pour donner une impression d’action, de mouvement et de vie, les descriptions peuvent avoir recours aux personnifications et surtout à la voix active, c-a-d où le sujet fait l’action. Cependant ces phrases impliquent des compléments direct et indirect qu’il faut savoir discerner.
- Pour donner une impression d’inertie, d’inaction ou de lenteur, les descriptions doivent utiliser la voix passive.

Les verbes intransitifs n’ont pas de complément (ex: il fume trop). En revanche, les verbes transitifs (à l’exception des verbes d’état) peuvent avoir des compléments:
- direct, c’est-à-dire sans préposition, les COD, il regarde le sol, la neige, les oiseaux...
- indirect, c’est-à-dire introduit par une préposition, les COI, il parle à la voisine, le film traite de la guerre..



***




Textes-support :



Un aboi de chien dans le bruit de l’eau…
Après la pluie, la fleur du pêcher est plus rouge.
Au plus profond de la forêt, on voit un cerf ;
Près du torrent, à midi, pas de cloche…

Les bambous sauvages percent l’épais brouillard ;
La cascade s’accroche au sommet d’émeraude.
Nul n’a pu me dire où l’ermite s’en est allé ;
Je me suis appuyé, triste, à deux ou trois pins…

Li Po


Quand le soleil oblique éclaire le village,
Encombrant les ruelles, rentrent bœufs et moutons
Le vieil homme des champs guette son petit pâtre
Sur sa canne il attend à la porte d’épine
Le blé monte en épis, et les faisans caquettent :
Le mûrier s’éclaircit, les vers à soie s’endorment.

Voici les laboureurs, une houe sur l’épaule
On s’aborde, on se parle, on ne peut se quitter.
J’envie en cet instant leur calme insouciance ;
Amer, je récite à mi-voix, l’ode « Che-wei ».

Wang Wei

Assis à l’écart au milieu des bambous,
Je joue de la cithare et chante à pleine voix ;
Dans la forêt profonde, où les hommes m’oublient,
Seul un rayon de lune est venu m’éclairer.

Wang Wei

Fantaisie

Il est un air pour qui je donnerais
Tout Rossini, tout Mozart et tout Weber,
Un air très vieux, languissant et funèbre,
Qui pour moi seul a des charmes secrets.


Or, chaque fois que je viens à l’entendre,
De deux cents ans mon âme rajeunit :
C’est sous Louis treize ; et je crois voir s’étendre
Un coteau vert, que le couchant jaunit,

Puis un château de brique à coins de pierre,
Aux vitraux teints de rougeâtres couleurs,
Ceint de grands parcs, avec une rivière
Baignant ses pieds, qui coule entre des fleurs ;

Puis une dame, à sa haute fenêtre,
Blonde aux yeux noirs, en ses habits anciens,
Que, dans une autre existence peut-être,
J’ai déjà vue... — et dont je me souviens !

Gérard de Nerval, Odelettes

La panthère

Au Jardin des Plantes, Paris


Son regard, où les barreaux passent et repassent,
Est à ce point lassé qu'il ne retient plus rien.
Il lui semble qu'il y a mille barreaux
Et que, derrière mille barreaux, il n'y a aucun monde.

La douce allure des pas souples et forts,
Qui tournent dans le cercle le plus étroit,
Semble la danse d'une force autour d'un centre
Où se tient, étourdie, une grande volonté.

Parfois seulement le rideau de la pupille
Sans bruit se lève. Alors une image pénètre,
Passe à travers le silence tendu des membres
Et, dans le cœur, cesse d'être.
                                                         Rainer Maria Rilke

Les éléphants (début)


Le sable rouge est comme une mer sans limite,
Et qui flambe, muette, affaissée en son lit.
Une ondulation immobile remplit
L'horizon aux vapeurs de cuivre où l'homme habite.

Nulle vie et nul bruit. Tous les lions repus
Dorment au fond de l'antre éloigné de cent lieues,
Et la girafe boit dans les fontaines bleues,
Là-bas, sous les dattiers des panthères connus.

Pas un oiseau ne passe en fouettant de son aile
L'air épais, où circule un immense soleil.
Parfois quelque boa, chauffé dans son sommeil,
Fait onduler son dos dont l’écaille étincelle.

Tel l'espace enflammé brûle sous les cieux clairs.
Mais, tandis que tout dort aux mornes solitudes,
Les éléphants rugueux, voyageurs lents et rudes,
Vont au pays natal à travers les déserts.
                                                        Leconte de L’Isle





Le Lombric

Dans la nuit parfumée aux herbes de Provence,
Le lombric se réveille et brille sous le sol,
Etirant ses anneaux au sein des mottes molles
Il les mâche, digère et fore avec conscience.

Il travaille, il laboure en vrai lombric de France
Comme, avant lui, ses père et grand-père ; son rôle,
Il le connaît. Il meurt. La terre prend l'obole
De son corps. Aérée, elle reprend confiance.

Le poète, vois-tu, est comme un ver de terre
Il laboure les mots, qui sont comme un grand champ
Où les hommes récoltent les denrées langagières;

Mais la terre s'épuise à l'effort incessant !
Sans le poète lombric et l'air qu'il lui apporte
Le monde étoufferait sous les paroles mortes.

                                                        Jacques Roubaud

Après trois ans...

Ayant poussé la porte étroite qui chancelle,
Je me suis promené dans le petit jardin
Qu'éclairait doucement le soleil du matin,
Pailletant chaque fleur d'une humide étincelle.

Rien n'a changé. J'ai tout revu : l'humble tonnelle
De vigne folle avec les chaises de rotin...
Le jet d'eau fait toujours son murmure argentin
Et le vieux tremble sa plainte sempiternelle.

Les roses comme avant palpitent ; comme avant,
Les grands lys orgueilleux se balancent au vent,
Chaque alouette qui va et vient m'est connue.

Même j'ai retrouvé debout la Velléda,
Dont le plâtre s'écaille au bout de l'avenue,
- Grêle, parmi l'odeur fade du réséda.

                                                                                  Verlaine, Poèmes saturniens

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