Citation de la semaine

« Les langues ont toujours du venin à répandre. », Molière, Tartuffe

mardi 28 mai 2013

5ème4 /5ème 5 - Plan de séquence 6

Séquence 6 Comment sont composés les récits complexes?
L’an dernier, vous avez étudié des récits dits “simples” car composés exclusivement d’une narration qui suit l’ordre chronologique. Cette année, grâce à l’île au trésor,  nous abordons les récits “complexes” qui, en plus de la narration, présentent d’autres éléments, comme le dialogue et la description, et perturbent l’ordre chronologique habituel. Nous découvrons aussi la notion très importante de “point de vue”.

Objectifs: initiation aux points de vue et aux retours en arrière et bond en avant, les narrateurs externe et interne
Matériel: l’île au trésor est à apporter à chaque cours.

Leçon 1 (lecture/oral) Quel est le cadre de l’histoire?
- autour du livre: “vie et oeuvre de Stevenson”, “pirates et îles en littérature de langue anglaise”
- au début du livre: “cadre du récit et élément perturbateur” (les 3 premiers chapitres)

Leçon 2 (lecture/vocabulaire) Qu’est-ce qu’un narrateur interne? avec l’attaque de l’auberge
- narrateur interne, narrateur externe: Jim narrateur interne

Leçon 3 (orthographe) Comment conjuguer le passé simple?
- un temps indispensable pour les actions
- conjugaison du passé simple

Leçon 4 (lecture/grammaire) Comment perturber l’ordre chronologique?
- le retour en arrière et le bond en avant
- les temps composés de l’indicatif, l’outil pour les retours en arrière

Leçon 5 (lecture) Qu’est-ce qu’un point de vue?avec le portrait de Long John Silver
- le capitaine Silver: une double présentation
- les points de vue: omniscient et interne
- vocabulaire du narrateur interne: la perception et les cinq sens

Leçon 6 (orthographe) Comment accorder le participe passé?
- l’accord du participe passé

Leçon 7 (lecture) Quel est le but d’une argumentation ? avec le tribunal de Long John Silver
- initiation à l’argumentation: convaincre avec des arguments

Leçon 8 (lecture) Que retenir de ce livre?
- des aventures divertissantes
- l’initiation d’un jeune homme

Ecriture en groupeSéance 1 réécriture de l’attaque de l’auberge par un narrateur externe (en lien avec la leçon 2)Séance 2 écrire un récit comportant un retour en arrière (en lien avec la leçon 4)
Séance 3 (éventuelle) écriture d’un récit en variant les points de vue (en lien avec la leçon 5)

4ème3 / 4ème 4 - Plan de séquence 6 : Les mille facettes du genre épistolaire

Séquence 6 –  Les milles facettes du genre épistolaire
Objectif général : découvrir comment la lettre est un genre littéraire polymorphe englobant aussi bien des textes privés que publiques, littéraires qu’historiques ou philosophiques. Comment la situation d’énonciation joue sur la construction des thèmes de prédilection de la lettre (argumentation, ironie, adresse personnelle ou publique, etc).
Objectifs connexes : étude des procédés littéraires de l’ironie 
Objectifs grammaticaux : la situation d’énonciation ; les connecteurs logiques ;

Séance 0 :
Ouverture de la séquence
 (Découvrir les spécificités de la lettre -  importance du rapport énonciateur/destinataire ; par des exemples humoristiques)
Textes-supports :
Lettre au Trésor Public (Pierre Desproges) ; Lettre anonyme (Raymond Devos) ; Exercice de style (Raymond Queneau)

Séance 1 : (grammaire : la situation d’énonciation)
Diverses formes et fonctions de l’échange épistolaire
Texte-support : Lettre de Me de Sévigné ; extrait d’André Gide, Si le grain ne meurt

Séance 2 (Lecture/écriture)
La lettre privée comme genre littéraire
Texte-support : Lettre de Madame de Sévigné

Séance 3 (Lecture/grammaire)
La lettre comme témoin d’une époque ; la lettre document historique
Textes-supports : Lettre de Madame de Sévigné [à choisir] ;
Lettre de J.R.R. Tolkien à des éditeurs allemands (1938)
Grammaire: Les connecteurs logiques

Séance 4 (lecture/grammaire)
La lettre argumentative
Textes-supports : Lettre de Rousseau au Comte de Lastic
Etude de l’ironie

Séance 5 (lecture)
La lettre dans le roman, le roman par lettres
Textes supports : Montesquieu, Les lettres persanes ;
Proust, À l’ombre des jeunes filles en fleurs

Séance 6 (écriture)
La lettre et l’image
[Contrôle de mi-séquence : Ecrire une lettre en s’inspirant d’un tableau]

Séance 7 (lecture)
La lettre ouverte
Textes-supports : Lettre de Peter Brook / « J’accuse » d’Emile Zola

Séance 8 (lecture)
Formes poétiques de la lettre
Textes –supports : Le déserteur de Boris Vian / L’épître à Horace (Voltaire)

Séance 9 (Lecture/écriture/grammaire)
La réécriture d’une lettre
Montaigne et Céline
Orthographe : les homophones

Séance 10 - Contrôle de fin de séquence :

Travail d’écriture épistolaire synthétisant les acquis des séances précédentes. 

lundi 27 mai 2013

Séquence 6 - Exercice d'écriture - 4ème 3/4ème 4


 Les Cosaques zaporogues écrivant une lettre au sultan de Turquie est un tableau historique de Répine. La scène imaginaire représentée se déroule en l'année 1676. Les Cosaques zaporogues (zaporogue vient de l'ukrainien za porohamy et signifie « derrière les rapides »), vivant sur les bords du Dniepr inférieur, ont vaincu l'armée turque au cours d'une bataille. Le sultan de Turquie exige cependant d'eux qu'ils se soumettent. À cette requête, les Cosaques répondirent d'une manière peu habituelle si l'on considère leurs mœurs d'alors : sous l'œil amusé et malicieux de leur chef Ivan Sirko, ils écrivent.  

Vous imaginerez la lettre qu'auront pu renvoyer les cosaques au sultan en vous inspirant du tableau. 
Pour cela, il faut prendre en compte les objets figurant sur le tableau et qui peuvent fournir des indices pour imaginer ce que dit la lettre.

mercredi 10 avril 2013

4ème3/4ème4 - Séance 5 "Le portrait biographique et intellectuel"


Livre 4, chap. 2 - Frollo : Le portrait biographique et intellectuel (Séance 5)


« En effet, Claude Frollo n’était pas un personnage vulgaire.
Il appartenait à une de ces familles moyennes qu’on appelait indifféremment, dans le langage impertinent du siècle dernier, haute bourgeoisie ou petite noblesse. Cette famille avait hérité des frères Paclet le fief de Tirechappe, qui relevait de l’évêque de Paris, et dont les vingt-une maisons avaient été au treizième siècle l’objet de tant de plaidoiries par-devant l’official. Comme possesseur de ce fief Claude Frollo était un des sept vingt-un seigneurs prétendant censive dans Paris et ses faubourgs ; et l’on a pu voir longtemps son nom inscrit en cette qualité, entre l’hôtel de Tancarville, appartenant à maître François Le Rez, et le collège de Tours, dans le cartulaire déposé à Saint-Martin des Champs.
Claude Frollo avait été destiné dès l’enfance par ses parents à l’état ecclésiastique. On lui avait appris à lire dans du latin. Il avait été élevé à baisser les yeux et à parler bas. Tout enfant, son père l’avait cloîtré au collège de Torchi en l’Université. C’est là qu’il avait grandi, sur le missel et le Lexicon.
C’était d’ailleurs un enfant triste, grave, sérieux, qui étudiait ardemment et apprenait vite. Il ne jetait pas grand cri dans les récréations, se mêlait peu aux bacchanales de la rue du Fouarre, ne savait ce que c’était que dare alapas et capillos laniare[1], et n’avait fait aucune figure dans cette mutinerie de 1463 que les annalistes enregistrent gravement sous le titre de : « Sixième trouble de l’Université ». Il lui arrivait rarement de railler les pauvres écoliers de Montagu pour les cappettes dont ils tiraient leur nom, ou les boursiers du Collège de Dormans pour leur tonsure rase et leur surtout tri-parti de drap pers, bleu et violet, azurini coloris et bruni[2], comme dit la charte du cardinal des Quatre-Couronnes.
En revanche, il était assidu aux grandes et petites écoles de la rue Saint-Jean-de-Beauvais. Le premier écolier que l’abbé de Saint-Pierre de Val, au moment de commencer sa lecture de droit canon, apercevait toujours collé vis-à-vis de sa chaire à un pilier de l’école Saint-Vendregesile, c’était Claude Frollo, armé de son écritoire de corne, mâchant sa plume, griffonnant sur son genou usé, et, l’hiver, soufflant dans ses doigts. Le premier auditeur que messire Miles d’Isliers, docteur en décret, voyait arriver chaque lundi matin, tout essoufflé, à l’ouverture des portes de l’école du Chef-Saint-Denis, c’était Claude Frollo. Aussi, à seize ans, le jeune clerc eût pu tenir tête, en théologie mystique, à un père de l’église ; en théologie canonique, à un père des conciles ; en théologie scolastique, à un docteur de Sorbonne. »

Exercice 1
1)      D’après vous, quel(s) élément(s) différencie(nt) ce portrait de ceux étudiés précédemment (ceux de Quasimodo et Esméralda) ?
2)      A vos yeux, quel est l’élément dominant du portrait ?
3)      Selon vous, quel type de focalisation (ou point de vue) est utilisé dans ce portrait ? Justifiez votre réponse.
4)      Décrivez en quelques mots la ou les information(s) nouvelle(s) qu’apporte chaque paragraphe.
5)      D’après vous, ce personnage est-il décrit positivement ou négativement ? Quel est le rapport de Claude Frollo à l’étude ? A quel type d’avenir semble-t-il voué ?
6)      Est-ce que le personnage à l’âge mur suivra les attentes que fait naître ce portrait?

Exercice 2
Par groupe de deux, en vous inspirant de la manière dont est construit ce portrait vous ferez, vous aussi, le portrait biographique d’une personne célèbre (réelle ou inventée) douée dans son enfance ou sa jeunesse et qui finalement décevra les espoirs mis en lui. L’un décrira la personne dans sa jeunesse et l’autre dans son âge mur.


[1] « Donner des gifles et arracher des cheveux »
[2] « Qui est bleu ou violet couvert »

4ème3/4ème4 ,Séance 4"Le portrait « archétype » : Esméralda"


Le portrait « archétype » : Esméralda


Livre 2. Chap. 3 – Portrait d’Esméralda

Dans un vaste espace laissé libre entre la foule et le feu, une jeune fille dansait.
Si cette jeune fille était un être humain, ou une fée, ou un ange, c’est ce que Gringoire, tout philosophe sceptique, tout poète ironique qu’il était, ne put décider dans le premier moment tant il fut fasciné par cette éblouissante vision.

Elle n’était pas grande mais elle le semblait tant sa fine taille s’élançait hardiment. Elle était brune, mais on devinait que le jour sa peau devait avoir ce beau reflet doré des Andalouses et des Romaines. Son petit pied aussi était andalou car il était tout ensemble à l’étroit et à l’aise dans sa gracieuse chaussure. Elle dansait, elle tournait, elle tourbillonnait sur un vieux tapis de Perse, jeté négligemment sous ses pieds ; et chaque fois qu’en tournoyant sa rayonnante figure passait devant vous, ses grands yeux noirs vous jetaient un éclair. Autour d’elle tous les regards étaient fixes, toutes les bouches ouvertes, et, en effet, tandis qu’elle dansait ainsi, au bourdonnement du tambour de basque que ses deux bras ronds et purs élevaient au-dessus de sa tête, mince, frêle et vive comme une guêpe, avec son corsage d’or sans pli, sa robe bariolée qui se gonflait avec ses épaules nues, ses jambes fines que sa jupe découvrait par moments, ses cheveux noirs, ses yeux de flamme, c’était une surnaturelle créature.

 - En vérité, pensa Grégoire, c’est une salamandre, c’est une nymphe, c’est une déesse, c’est une bacchante du mont Mélanéen !

En ce moment une des nattes de la chevelure de la « salamandre » se détacha, et une pièce de cuivre jaune qui y était attachée roula à terre. - Hé non, dit-il, c’est une bohémienne.
Toute illusion avait disparu.

                                                                                              Victor Hugo. Notre-Dame de Paris



Portrait de Carmen

Au début de la nouvelle Carmen, le narrateur rencontre une jeune femme, alors qu’il se promène sur les quais, à Cordoue, en Espagne. Il l’invite à aller prendre une glace dans un café.

Tout en causant, nous étions entrés dans la neveria, et nous nous étions assis à une petite table éclairée par une bougie enfermée dans un globe de verre. J’eus alors tout le loisir d’examiner ma gitana, pendant que quelques honnêtes gens s’ébahissaient, en prenant leurs glaces, de me voir en si bonne compagnie.
Je doute fort que mademoiselle Carmen fût de race pure, du moins elle était infiniment plus jolie que toutes les femmes de sa nation que j’aie jamais rencontrées. Pour qu’une femme soit belle, disent les Espagnols, il faut qu’elle réunisse trente si, ou, si l’on veut, qu’on puisse la définir au moyen de dix adjectifs applicables chacun à trois parties de sa personne. Par exemple, elle doit avoir trois choses noires : les yeux, les paupières et les sourcils ; trois fines, les doigts, les lèvres, les cheveux, etc (...)
Ma bohémienne ne pouvait prétendre à tant de perfection. Sa peau, d’ailleurs parfaitement unie, approchait fort de la teinte du cuivre. Ses yeux étaient obliques, mais admirablement fendus ; ses lèvres un peu fortes, mais bien dessinées et laissant voir des dents plus blanches que des amandes sans leur peau. Ses cheveux, peut-être un peu gros, étaient noirs, à reflets bleus comme l’aile d’un corbeau, longs et luisants. Pour ne pas vous fatiguer d’une description trop prolixe, je vous dirai en somme qu’à chaque défaut elle réunissait une qualité qui ressortait peut-être plus fortement par le contraste. C’était une beauté étrange et sauvage, une figure qui étonnait d’abord, mais qu’on ne pouvait oublier. Ses yeux surtout avaient une expression à la fois voluptueuse et farouche que je n’ai trouvée depuis à aucun regard humain. Œil de bohémien, œil de loup, c’est un dicton espagnol qui dénote une bonne observation. Si vous n’avez pas le temps d’aller au jardin des Plantes pour étudier le regard d’un loup, considérez votre chat quand il guette un moineau.
    
On sent qu’il eût été ridicule de se faire tirer la bonne aventure dans un café. Aussi je priai la jolie sorcière de me permettre de l’accompagner à son domicile.

                                                                                                Prosper Mérimée, Carmen



4ème3/4ème4 - Séance 3 "La galerie des personnages et la « profondeur historique »"


Séance 3 - La galerie des personnages et la « profondeur historique »

Analysez cet extrait de la table des matières des trois premiers livres de Notre-Dame de Paris : que remarquez-vous ?


Livre premier
I. La grand'salle
II. Pierre Gringoire
III. Monsieur le cardinal
IV. Maître Jacques Coppenole
V. Quasimodo
VI. La Esmeralda

Livre deuxième
I. De Charybde en Scylla
II. La place de Grève
III. Besos para golpes
IV. Les inconvénients de suivre une jolie femme le soir dans les rues
V. Suite des inconvénients
VI. La cruche cassée
VII. Une nuit de noces

Livre troisième
I. Notre-Dame
II. Paris à vol d'oiseau

Livre quatrième
I. Les bonnes âmes
II. Claude Frollo
III. Immanis pecoris custos, immaior ipse
IV. Le chien et son maître
V. Suite de Claude Frollo
VI. Impopularité

Livre cinquième
I. Abbas beati Martini
II. Ceci tuera cela

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Extraits :
Recherchez dans les extraits suivants ce qui préfigure les traits principaux des personnages dont il est question. Après les avoir dégager des textres, dites en quoi certains aspects sont propre à définir un "type" de personnage ?


Extrait 1

Un individu qui se tenait en deçà de la balustrade dans l’espace laissé libre autour de la table de marbre, et que personne n’avait encore aperçu, tant sa longue et mince personne était complètement abritée de tout rayon visuel par le diamètre du pilier auquel il était adossé, cet individu, disons-nous, grand, maigre, blême, blond, jeune encore, quoique déjà ridé au front et aux joues, avec des yeux brillants et une bouche souriante, vêtu d’une serge noire, râpée et lustrée de vieillesse, s’approcha de la table de marbre et fit un signe au pauvre patient.

Extrait 2

Il appartenait à une de ces familles moyennes qu’on appelait indifféremment, dans le langage impertinent du siècle dernier, haute bourgeoisie ou petite noblesse. Cette famille avait hérité des frères Paclet le fief de Tirechappe, qui relevait de l’évêque de Paris, et dont les vingt-une maisons avaient été au treizième siècle l’objet de tant de plaidoiries par-devant l’official.

Extrait 3

Il arracha la bohémienne des bras de Quasimodo stupéfait, la mit en travers sur sa selle, et, au moment où le redoutable bossu, revenu de sa surprise, se précipitait sur lui pour reprendre sa proie, quinze ou seize archers, qui suivaient de près leur capitaine, parurent l’estramaçon au poing. C’était une escouade de l’ordonnance du roi qui faisait le contre-guet, par ordre de messire Robert d’Estouteville, garde de la prévôté de Paris. 


ANALYSE


Extrait 1

=>Des éléments symbolisent l’intelligence (« yeux brillants » ; front ridé pour son jeune âge qui montre les préoccupations, la réflexion). Sa pauvreté et son air maladif sont visibles (« maigre » ; « blême » ; « vêtu d’une serge noire rapée et lustrée de vieillesse »)

Extrait 2

=> Personnage d’une condition beaucoup plus aisée que le précédent  (« haute bourgeoisie ou petite noblesse »). Lien avec le clergé : sa famille a hérité d’un fief de l’Evêque de Paris.

Extrait 3

=> Le personnage est capitaine des archers. On le voit en action : il sauve Esméralda des bras du bossu qui est décrit comme « redoutable ». Cela semble mettre en valeur le courage et la force du personnage.



Conclusion

ð     Les extraits étudiés donnent les débuts de portraits de Pierre Gringoire l’écrivain, Frollo l’archidiacre et Phoebus le capitaine.
ð     Ces débuts de descriptions créent une attente chez le lecteur et donne des éléments de portraits-types.
ð        A l’opposé de la tradition du roman psychologique (comme « La Princesse de Clèves » de Madame de LaFayette ou les romans de Marcel Proust), Victor Hugo s’intéresse moins à la complexité intérieure de personnages nuancés et très individualisés qu’à la construction de personnages symboliques et à l’ « architecture » de leurs relations

4ème3/4ème4 Séance 2 (suite)


Notre-Dame de Paris, un "personnage" du roman


Histoire de l’Art : les grands styles architecturaux de l’Europe

« Les grands édifices, comme les grandes montagnes, sont l’ouvrage des siècles. Souvent l’art se transforme qu’ils pendent encore ; pendent opera interrupta ; ils se continuent paisiblement selon l’art transformé. L’art nouveau prend le monument où il le trouve, s’y incruste, se l’assimile, le développe à sa fantaisie et l’achève s’il peut. La chose s’accomplit sans trouble, sans effort, sans réaction, suivant une loi naturelle et tranquille. C’est une greffe qui survient, une sève qui circule, une végétation qui reprend. Certes, il y a matière à bien gros livres, et souvent histoire universelle de l’humanité, dans ces soudures successives de plusieurs arts à plusieurs hauteurs sur le même monument. L’homme, l’artiste, l’individu s’effacent sur ces grandes masses sans nom d’auteur ; l’intelligence humaine s’y résume et s’y totalise. Le temps est l’architecte, le peuple est le maçon.
À n’envisager ici que l’architecture européenne chrétienne, cette sœur puînée des grandes maçonneries de l’Orient, elle apparaît aux yeux comme une immense formation divisée en trois zones bien tranchées qui se superposent : la zone romane, la zone gothique, la zone de la renaissance, que nous appellerions volontiers gréco-romaine. La couche romane, qui est la plus ancienne et la plus profonde, est occupée par le plein cintre, qui reparaît porté par la colonne grecque dans la couche moderne et supérieure de la renaissance. L’ogive est entre deux. Les édifices qui appartiennent exclusivement à l’une de ces trois couches sont parfaitement distincts, uns et complets. C’est l’abbaye de Jumièges, c’est la cathédrale de Reims, c’est Sainte-Croix d’Orléans. Mais les trois zones se mêlent et s’amalgament par les bords, comme les couleurs dans le spectre solaire. De là les monuments complexes, les édifices de nuance et de transition. L’un est roman par les pieds, gothique au milieu, gréco-romain par la tête. C’est qu’on a mis six cents ans à le bâtir. Cette variété est rare. Le donjon d’Étampes en est un échantillon. Mais les monuments de deux formations sont plus fréquents. C’est Notre-Dame de Paris, édifice ogival, qui s’enfonce par ses premiers piliers dans cette zone romane où sont plongés le portail de Saint-Denis et la nef de Saint-Germain-des-Prés. C’est la charmante salle capitulaire demi-gothique de Bocherville à laquelle la couche romane vient jusqu’à mi-corps. C’est la cathédrale de Rouen qui serait entièrement gothique si elle ne baignait pas l’extrémité de sa flèche centrale dans la zone de la Renaissance. »