Citation de la semaine

« Les langues ont toujours du venin à répandre. », Molière, Tartuffe

mercredi 10 avril 2013

4ème3/4ème4 - Séance 2 "Notre-Dame de Paris, un « personnage » du roman"


Façade de Notre-Dame-de-Paris
Notre-Dame de Paris n'est point du reste ce qu'on peut appeler un monument complet, défini, classé. Ce n'est plus une église romane, ce n'est pas encore une église gothique. Cet édifice n'est pas un type. Notre-Dame de Paris n'a point, comme l'abbaye de Tournus, la grave et massive carrure, la ronde et large voûte, la nudité glaciale, la majestueuse simplicité des édifices qui ont le plein cintre pour générateur. Elle n'est pas, comme la cathédrale de Bourges, le produit magnifique, léger, multiforme, touffu, hérissé, efflorescent de l'ogive. Impossible de la ranger dans cette antique famille d'églises sombres, mystérieuses, basses et comme écrasées par le plein cintre ; presque égyptiennes au plafond près ; toutes hiéroglyphiques, toutes sacerdotales, toutes symboliques ; plus chargées dans leurs ornements de losanges et de zigzags que de fleurs, de fleurs que d'animaux, d'animaux que d'hommes ; œuvre de l'architecte moins que de l'évêque ; première transformation de l'art, tout empreinte de discipline théocratique et militaire, qui prend racine dans le Bas-Empire et s'arrête à Guillaume le Conquérant. Impossible de placer notre cathédrale dans cette autre famille d'églises hautes, aériennes, riches de vitraux et de sculptures ; aiguës de formes, hardies d'attitudes ; communales et bourgeoises comme symboles politiques libres, capricieuses, effrénées, comme œuvre d'art ; seconde transformation de l'architecture, non plus hiéroglyphique, immuable et sacerdotale, mais artiste, progressive et populaire, qui commence au retour des croisades et finit à Louis XI. Notre-Dame de Paris n'est pas de pure race romaine comme les premières, ni de pure race arabe comme les secondes.
Notre-Dame-de-Paris
Abside de Notre-Dame-de-Paris
C'est un édifice de la transition. L'architecte saxon achevait de dresser les premiers piliers de la nef, lorsque l'ogive qui arrivait de la croisade est venue se poser en conquérante sur ces larges chapiteaux romans qui ne devaient porter que des pleins cintres. 
L'ogive, maîtresse dès lors, a construit le reste de l'église. Cependant, inexpérimentée et timide à son début, elle s'évase, s'élargit, se contient, et n'ose s'élancer encore en flèches et en lancettes comme elle l'a fait plus tard dans tant de merveilleuses cathédrales. On dirait qu'elle se ressent du voisinage des lourds piliers romans. 
D'ailleurs, ces édifices de la transition du roman au gothique ne sont pas moins précieux à étudier que les types purs. Ils expriment une nuance de l'art qui serait perdue sans eux.
C'est la greffe de l'ogive sur le plein cintre. 
[…]


La Porte rouge - Notre-Dame-de-Paris

Les grands édifices, comme les grandes montagnes, sont l'ouvrage des siècles. Souvent l'art se transforme qu'ils pendent encore : - pendent opera interrupta - ; ils se continuent paisiblement selon l'art transformé. L'art nouveau prend le monument où il le trouve, s'y incruste, se l'assimile, le développe à sa fantaisie et l'achève s'il peut. La chose s'accomplit sans trouble, sans effort, sans réaction, suivant une loi naturelle et tranquille. C'est une greffe qui survient, une sève qui circule, une végétation qui reprend. Certes, il y a matière à bien gros livres, et souvent histoire universelle de l'humanité, dans ces soudures successives de plusieurs arts à plusieurs hauteurs sur le même monument. L'homme, l'artiste, l'individu s'effacent sur ces grandes masses sans nom d'auteur ; l'intelligence humaine s'y résume et s'y totalise. Le temps est l'architecte, le peuple est le maçon.
Victor Hugo, Notre-Dame de Paris, Paris, 1831, Livre III, chapitre 1.


1) Relevez les éléments humains dans la description de la cathédrale.




2) Relevez ce qui se rapporte dans ce texte aux églises romanes et ce qui se rapporte aux églises gothique.



3) Quelle est la période associée dans le texte à la création de l’art roman ? et celle de l’art gothique ?



4) Dans quelle catégorie Victor Hugo situe-t-il Notre-Dame de Paris, l’architecture romane ou l’architecture gothique ? Justifiez en citant le texte.



5) A votre avis, pourquoi Victor Hugo appelle-t-il les églises gothiques « de pure race arabe » ?



6) Si Notre-Dame de Paris était un humain elle serait issu d’un métissage. Quelle phrase le montre dans le texte de Victor Hugo ? 



7) Notre Dame est définie comme un « édifice de transition ». Comme cet aspect est-il décrit dans le texte ?



7) Dans le second extrait où Victor Hugo parle-t-il des grands édifices (dont fait partie Notre Dame) comme d’objets intemporels et construit une fois pour toutes et ne changeant pas à travers les siècles ? Justifiez votre réponse.



Conclusion :
Quels sont les points importants pour définir Notre-Dame de Paris ?

ð     Sa description se rapproche d’un portrait par les traits suivants : …

ð     Comme on parle à la fois de types humains et de personnes individualisés (par opposition aux types), il y a des types de cathédrale et des cathédrales bien précises « individualisées ». Notre Dame de Paris est…

ð     Dans le deuxième extrait les grands édifices architecturaux comme Notre-Dame de Paris sont présentés sous l’influence des évolutions du temps ; ils ont donc …

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